Glossaire

Un petit glossaire de mots concepts pour appeler un chat un chat et mieux les sortir de sa gorge.

2303 mots soit environ 12 minutes de lecture.
Glossaire

Dans la liste des inspirateurs de cette rubrique, les 3 noms qui me sont venus en premier à l’esprit sont Claude Aubry, Michel Serres et Etienne Klein.

Claude m’a fait l’honneur de participer à la relecture de ses derniers livres, en cours d’écriture. Ce fut l’occasion pour moi de se mettre un peu dans la peau de l’écrivain, et de prendre réellement conscience de l’importance du choix des mots pour mieux expliquer des concepts. Le concept “agilité” est l’exemple de ces concepts si difficiles à expliquer, même lorsqu’on a le sentiment de les vivre. Je me souviens bien avant cela d’un atelier à l’agile tour Toulouse que j’avais proposé, après une discussion avec une de mes connaissances qui découvrait l’agilité et se trouvait un peu perdue dans le jargon à l’issue de la première journée de conférences.

J’ai beaucoup d’admiration pour Michel Serres. Il nous a laissé en héritage une parole et plusieurs ouvrages puissants de simplicité. Il avait la faculté de donner un éclairage et une explication limpide de ce qui se joue en réalité avec nos mots de tous les jours et des histoires ou images qui nous parlent. Les titres que j’ai pu apprécier, portent la preuve de cette humilité, de son humanité, qui nous fais nous sentir prôches les uns des autres:

  • “La petite poucette”
  • “Morales espiègles”
  • “Le contrat naturel”

J’ai réellement découvert Etienne Klein durant le confinement, par le biais des vidéos à disposition, en cherchant des ressources sur le temps, mon sujet de mémoire. En publiant ce glossaire, je relaie peut être, très très humblement sa mission de vulgarisation. En tous cas je tente d’éviter l’“ultra-crépidarianisme”, premier mot ajouté à mon glossaire.

Sur la fréquence de mise à jour, et le contenu du glossaire:

Chaque année, nous sommes informés des nouveaux mots qui apparaissent dans le dictionnaire de la langue française. L’information véhiculée dans les médias s’accompagne quelque fois d’un ton de moquerie à l’encontre de ces changements, dans le choix des mots retenus ou refusés par l’institution de l’Académie française qui en a la charge.

Ici, il y a seulement vous et moi. Aussi, n’hésitez pas à me faire part de mots qui mériteraient de se trouver dans une des catégories du langage que j’ai choisi de retenir.

Le langage du savoir

Utlra-crépidarianisme

Etienne Klein : https://youtu.be/Qj-2z5v_5dI?t=1222

La science est l’organisation collective des controverses scientifiques. Débattre Ce qu’il faut faire pour empêcher que l’on se batte. La science n’est pas démocratique et n’a pas vocation à le devenir. Par contre, les usages que nous en faisons doivent être discutés.

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Misonéisme

Claude Aubry, “Scrum, Pour une pratique vivante de l’agilité”, Edition 5 Page 342

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Sémiologie

La sémiologie est définie par Ferdinand de Saussure vers 1910, comme «la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale».

Le célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss lui a donné un nouvel élan : « L’homme descend davantage du signe que du singe : il tient son humanité d’un certain régime symbolique ou signifiant. Nous vivons moins parmi les choses que parmi une “forêt de symboles” comme dit Baudelaire dans le célèbre sonnet des “Correspondances”. […] L’empire des signes double ainsi notre monde naturel. […] Par tout un réseau de représentations codées et de signes qui sont autant de pare-chocs opposés à la dureté du monde, nous enveloppons, nous filtrons et du même coup nous maîtrisons le réel extérieur. »

Ce qui m’intéresse est la posture, la prise de recul nécessaire sur ce qui se raconte et la façon dont c’est raconté, pour mieux en comprendre le sens, tracé entre l’origine et l’intention. Chaque fois que je découvre un nouveau contexte, une nouvelle organisation, je ne peux m’empêcher de noter les mots qui y sont prononcés les plus fréquemment, et à être surpris par l’absence d’autres qui pourraient avoir leur place… Un champ lexical et sémantique qui pourrait ouvrir la voie et la voix de changements.

Wikipédia

Au delà de comprendre le langage d’un groupe pour répondre à une attente, l' Une problématique est exprimée par un client à un certain niveau de conscience avec le langage de ce niveau. Pour aider à résoudre cette problématique, il est généralement besoin de comprendre le sens de ses mots, et si opportun d’ajouter de nouveaux mots, ou d’augmenter la fréquence d’utilisation de ces nouveaux mots. Prêter d’avantage attention à ce que l’on veut voir se développer, plutôt qu’à maintenir le problème en place. Cela passe par les habitudes de langage, l’appropriation de mots.

Ces décalages de sujet-objet…

Epistémiologie

Etude de la construction du savoir et de nos connaissances. Comment savons-nous que ce que nous savons est vérité ou qu’il s’agit d’autre chose ?

Le savoir se distingue déjà des connaissances. Chacun possède sa propre épistémiologie, sa façon de faire connaissance avec le monde et avec lui même.

Lorsque l’on se place au niveau d’un système plus large, un groupe d’individus, une nation, un civilisation, le savoir est l’ensemble des connaissances qui est partagé dans ce groupe et tenu pour vérité.

L’épistémiologie consiste à étudier la façon dont se construisent ces savoirs, ses vérités, en s’appuyant elle-même sur une démarche scientifique, basée sur des faits, puis sur des hypothèses contradictoires que l’on cherche à la fois à vérifier et à invalider par d’autres faits en s’appuyant sur la recherche et l’expérimentation réelle.

Ainsi l’anthropologie intègrant l’épistémologie, n’a pas permis d’établir de conclusion sur bon nombre d’hypothèses de notre histoire et préhistoire, mais à formuler des hypothèses davantage plausibles que d’autres surtout à partir de l’étude de sociétés tribales encore existantes.

Il est intéressant aussi de procéder par un retour au sources de l’Agilité, en regardant ce qu’elle signifiait à l’origine dans l’esprit de ceux qui l’on définit, et dans les différentes communautés qui en emploient le mot, avec incontestablement une évolution de sens et de pratiques.

Anamnèse

Dans le Larousse, l’anamnèse est l’ensemble des renseignements fournis au médecin par le malade ou par son entourage sur l’histoire d’une maladie ou les circonstances qui l’ont précédée. Il est aussi utilisé en psychologie pour signifier l’histoire du sujet.

“Racontez-moi votre anamnèse.” C’est joli mais un peu pompeux, voire condescendant. Le terme est apparemment utilisé par certains coachs plus que par certains médecins.

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Le langage des émotions et ressentis

Mettre des mots sur des émotions est une capacité des plus importantes pour se connaître, s’accepter et vivre en meilleure harmonie dans le monde. Lorsque l’on manque de mots ou que l’émotion est refoulée, elle s’exprime par des comportements qui peuvent nuire à soi et aux autres.

Il n’y a pas de jugement de valeur à avoir sur l’émotion. Une émotion n’est pas plus ou moins bonne. Elle est voilà tout, et l’enjeu pour soi comme pour celui qui accompagne est d’en faire quelque chose de positif pour la personne. Le ressenti est ce qui dure après l’émotion fugace initiale, il est construit par la pensée et on peut donc l’influencer de diverses manières. Cela commence par la prise de conscience et la verbalisation.

L’objet ici n’est pas de rappeler les émotions “classiques”, le lecteur pourra se reporter à des référentiels, ouvrages et outils devenus standards. Ce qui m’intéresse ce sont les mots et concepts nouveaux ou qui redeviennent d’actualité, utiles à décrire la réalité, à mieux comprendre le monde.

Alexithymie

C’est l’incapacité d’identifier ses propres émotions. Si l’on peut mesurer les aspects physiologiques de l’émotion (battements du coeur, sueur sur le front, etc…), le sujet alexithymique, ne les perçoit pas. Il s’agit d’un trouble du cerveau entre la zone limbique où se créent les émotions et la zone de la conscience. D’après Cerveau & Psycho ce trouble concernerait 15 pour cent de la population. Loin d’être négligeable.

Hyper-émotivité ou Hyper-sensibilité

La phobophobie

Le peur d’avoir peur. Cela peut prêter à sourire ou paraître absurde. C’est pourtant un mécanisme de régulation très naturel et bien souvent inconscient, que de prendre des distances avec ce qui peut nous occasionner des émotions négatives, dont la peur.

Certaines personnes a contrario iront au devant de leurs peurs (films d’horreur, sensations fortes) justement en espérant mieux la dompter. Peut-être est-ce en souvenir d’une situation difficile mal vécue. Peut-être pas…

Solastalgie

Terme invnenté en 2005 par le philosophe australien Glenn Albrecht, pour décrire le ressenti des habitants de la Hunter Valley en Australie face à la dégradation de leur territoire. La solastalgie est “l’expérience vécue d’un changement environnental perçu négativement”. https://www.philonomist.com/fr/kezako/solastalgie Synonyme: éco-anxiété Personnellement cela me fait penser à la “nausée” après une prise de conscience de l’état du vivant.

Le langage du pouvoir

pouvoir

Capacité à décider, penser, agir, réaliser…, capacité à imposer sa volonté

  • sur soi : liberté de pensée, d’expression, de mouvement
  • sur les autres : capacité à contraindre le comportement et même influence la pensée des autres, dans son intérêt (logique du dominant)

Le pouvoir est associé à la notion de liberté individuelle et sociale. Les “pouvoirs publics” font en général autorité…

autorité

Le droit reconnu d’exercer un certain pouvoir sans faire usage de la force

Du latin augere augmenter. Celui qui possède ou a reçu l’autorité, a une qualité qui l’augmente en tant que personne. L’autorité est une forme de reconnaissance qui fait que la parole est respectée, fait référence dans un domaine donné. L’autorité peut venir d’un savoir ou d’une expertise reconnue ou d’une légitimité par une élection démocratique par exemple.

Il est possible de faire autorité (d’être reconnu) sans pour autant disposer du pouvoir de décision ou d’action. Dans l’exercice du pouvoir, un gouvernement reconnait l’autorité de conseils scientifiques, techniques pour fournir des avis, et le gouvernement décide. Inversement, on comprend qu’il est possible d’exercer un pouvoir sans pour autant avoir l’autorité, par exemple lorsque la décision de l’organisation du travail est prise par des personnes extérieures à ceux qui travaillent.

Les changements de contexte et le facteur temps ont une influence forte sur les relations de pouvoir et d’autorité. Certains peuvent avoir autorité sur les changements à court terme, d’autres sur les changements à long terme. Si l’on s’accorde à maximiser la liberté individuelle à court terme, nous faisons confiance en l’état comme autorité extérieur, pour représenter la préservation de nos intérêts à moyen-long terme, par le fonctionnement d’institutions. Cette autorité lui confère aussi le pouvoir de la loi, et de faire respecter la justice, pour restreindre par des limites notre propre pouvoir individuel.

domination

La logique du dominant est de faire parler son ego, d’imposer sa vision de l’ordre des choses, sa volonté. La volonté de puissance se traduit par des objectifs et des résultats avec une définition propre de l’efficacité quant à leur réalisation.

Les abus de pouvoir ont pour effet côté dominé le refus du pouvoir, d’autant plus qu’il ne fait plus autorité, que les bénéfices à se soumettre au pouvoir ne compensent pas ses inconvénients comme la perte de liberté ou de sécurité.

La logique de la domination s’infiltre dans les manques de clarté, dans les faiblesses d’un système qui ne conçoit pas cette logique ou l’autorise plus ou moins consciemment.

Comment dépasser le pouvoir des individus les uns sur les autres pour mieux vivre ensemble ? Cette question pose aussi la finalité du pouvoir. C’est le rôle de la justice et du droit de réguler, limiter les pouvoirs des individus pour leur assurer une plus grande liberté, de façon durable. Ramené au vivre ensemble de l’équipe agile, cela soulève le champ du cadre de fonctionnement de l’équipe et de la structure de l’organisation, de ses compétences, de sa responsabilité et de son autonomie…

Le langage du don

Cette thématique est révélée par la lecture du livre d’Alain Caillé “Extensions du domaine du don”. Ce livre a éclairé toute une sémantique du don différente du sens commun dans lequel nous avions l’habitude de concevoir le don.

Données

“Vous n’avez qu’à pas leur donner”, Michel Serres parlant des données personnelles et du pouvoir des GAFAM.

Cycles symboliques et diaboliques du don

DDRR : Demander, Donner, Recevoir, Rendre à l’inverse IPRG : Ignorer, Prendre, Refuser, Garder

Donnativité

“capacité à vivre harmonieusement en toute fluidité, le cycle du don : bien donner, accepter, et reconnaître les dons qui nous sont faits, donner “à due proportion, en temps et en heure” Forbes Autres définitions à chercher dans

  • Alain Caillé, Extensions du domaine du don, P256, …
  • Marcel Mauss, Essai sur le don

Pardon

Michel Serres, dans “Morales Espiègles”

Cornucopianisme

du latin cornu copiae, Corne d’abondance.

C’est la croyance en des ressources illimitées et des innovations permanentes qui permettront de toujours résoudre les problèmes rencontrés par l’humanité.

Le lien avec le don ?

Cette croyance aboutit et autorise à prendre, sans conscience des ressources limitées, sans considérer la nécessité d’une économie circulaire, en l’encontre du cycle du don.

Le langage du temps

Lorsque l’on s’y intéresse un peu, le temps est quelque chose de difficile à définir:

  • Le présent est insaisissable entre le futur et le passé
  • La durée est mesurable physiquement mais est aussi une notion très subjective, relative.

D’où vient le temps, où va-t-il lorsqu’on dit que le temps passe ?

Conception linéaire du temps

Séquencement historique des actions et événements

Conception non linéaire du temps

Time-boxing : le temps en boîte

Itération : le temps en cycle

La courbure de l’espace-temps

Le langage de l’espace

Topologie étude du milieu…

Utopie

L’utopie signifie littéralement “en aucun lieu”, pour qualifier une représentation du monde qui n’existe pas en réalité. Une des dernières lectures du Klub était “Utopies réalistes” Rugman.

Wikipédia

Hétérotopie

Ce mot mérite un article: Hétérotopie

Micronésie

La micronésie n’est pas une pathologie, un syndrome ou nouveau trouble psychique. S’il en était une, on se demanderait quelle anomalie il pourrait y avoir ayant rapport avec le minuscule, le minimal, la petitesse.

Il s’agit d’un archipel et de son nom propre Micronésie, qui s’est fait connaître comme un des espaces épargnés par la COVID, du fait de son isolement “naturel”.